La Loi Pacte a apporté plusieurs changements dans la vie entrepreneuriale, et permet à présent à une entreprise d’aller plus loin dans la définition de son rôle, de ses engagements et de sa finalité.
Le premier changement introduit par la loi Pacte impacte la définition de l’objet social de l’entreprise indiqué dans le Code civil. Celui-ci précise toujours que la finalité d’une société est de réaliser un bénéfice ou une économie au profit des associés. La loi Pacte introduit le concept qu’une société est gérée dans son intérêt social en prenant en compte les enjeux sociaux et environnementaux de son activité. Toutes les sociétés sont donc à présent soumises à cette rédaction et voient ainsi un élargissement de leur objet social.
Mise en avant des valeurs de l’entreprise
L’autre apport de la loi Pacte est d’octroyer aux entreprises la possibilité de modifier leurs statuts et d’y insérer une raison d’être. Celle-ci doit être constituée des principes dont la société se dote, et des moyens affectés à la réalisation de son activité dans le respect de ces valeurs.
Cette raison d’être, qui reste une option pour les entreprises et non une obligation, marque la volonté politique de faire émerger des préoccupations extra-financières qui s’inscrivent sur le long terme.
Depuis la publication de la loi Pacte, de grands groupes se sont prêtés à l’exercice. Ils ont ainsi fait adopter par leur assemblée générale, leurs actionnaires, leur raison d’être. On peut citer notamment :
• Orange : « Orange est l’acteur de confiance qui donne à chacune et à chacun les clés d’un monde numérique responsable »
• Crédit agricole : « Agir chaque jour dans l’intérêt de nos clients et de la société »
• BNP : « Nous sommes au service de nos clients et du monde dans lequel nous vivons »
• Groupama : « Nous sommes là pour permettre au plus grand nombre de construire leur vie en confiance »
• PSA : « En tant que constructeur automobile, le Groupe PSA apportera sa contribution à la construction d’un avenir souhaitable. Notre objectif principal est d’assurer la liberté de mouvement en offrant une mobilité sûre, durable, abordable et agréable »
• Danone : « Apporter la santé par l’alimentation au plus grand nombre »
• SNCF : « Apporter à chacun la liberté de se déplacer facilement en préservant la planète »
• Véolia : « La raison d’être de Véolia est de contribuer au progrès humain, en s’inscrivant résolument dans les objectifs de développement durable définis par l’ONU, afin de parvenir à un avenir meilleur et plus durable pour tous. C’est dans cette perspective que Véolia se donne pour mission de “ressourcer le monde”, en exerçant son métier de services à l’environnement ».
Ne pas confondre raison d’être et slogan publicitaire
Mais attention, la formulation de la raison d’être ne doit pas être envisagée et menée comme un projet de communication. La raison d’être ne doit pas non plus être assimilée à un plan stratégique. S’engager dans un tel processus doit être vu comme un acte de gouvernance et de management.
Pour ce faire, un travail assez long de questionnement sur la contribution et l’utilité de l’entreprise à la société doit être mené. À chacun ensuite de fixer les modalités de cette introspection : travailler en groupe restreint sur un laps de temps limité ou, à l’opposé, interroger salariés, actionnaires et autres parties prenantes, ce qui demandera plusieurs trimestres pour les plus grandes entreprises.
Cette raison d’être ne peut pas être imposée. Afin qu’elle soit appropriée et mise en œuvre par l’ensemble des collaborateurs, elle doit émaner d’un effort de co-construction.
Cet exercice de réflexion sur l’essence même de l’entreprise, quelle que soit sa taille, peut conduire certaines sociétés à revoir leur modèle économique. Il s’agit de construire, ou de reconstruire et d’exprimer l’ADN de l’entreprise. De recentrer son action sur les valeurs qui mènent son action et le quotidien de ses dirigeants mais aussi de ses salariés. Cette démarche peut nécessiter des investissements conséquents en termes d’alignement du modèle économique et des produits ou services proposés.
La raison d’être : créer une nouvelle dynamique
C’est pour cela qu’il semble indispensable de ne pas se précipiter afin notamment de pouvoir être à la hauteur des promesses et en capacité de les tenir. Car être contraint de revenir sur ses engagements pourrait s’avérer bien plus néfaste pour l’entreprise que de ne pas définir sa raison d’être. Définir sa raison d’être peut permettre à l’entreprise de se réinventer, se recentrer et trouver une nouvelle dynamique. Pour autant, c’est un travail délicat qui doit être mené en profondeur et dans la durée. Le rôle du coach en entreprise peut être d’accompagner ce processus de réflexion et de permettre sa diffusion et l’adhésion de toute l’entreprise.
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